Le vélo-doc en Bourgogne, alternatives & traditions régionales
Soutenir Faire une promesse de donLe projet
Etudiant en école d'art à Dijon, je souhaite réaliser durant mon année de césure une série documentaire à propos des traditions non-spécistes dans chaque région de France en commençant par ma région natale, la Bourgogne. Et tout cela seul, de manière autonome, dans une démarche écologiste et végane, et bien sûr à vélo !
Il s'agit de rechercher et repérer des lieux dans chaque département de la Bourgogne (et non Bourgogne-Franche-Comté) qui produisent des produits ou des services véganes, écoresponsables, voire dans une démarche carrément antispéciste.
L'antispécisme c'est une pensée qui, par opposition au spécisme, considère que le critère d'espèce chez les animaux n'est pas suffisant pour décider d'une domination des humains sur les autres animaux. Un critère plus pertinent est celui de sentience, qui désigne la capacité de ressentir à la fois le plaisir et la souffrance, et signifie donc avoir des intérêts à défendre pour un être dans le champ de l'éthique. L'antispécisme s'oppose à toute forme d'exploitation et de maltraitance sur ces animaux non-humains, et nécessite donc d'adopter un mode de vie végane. Environ 1,1% des français.e.s suivent un mode de vie végane selon un étude menée en 2019 par le Crédoc. Voilà un mode de vie et un choix éthique en pleine croissance et qui mérite d'être éclairci aux yeux du grand public.
Ces lieux et ces personnes peuvent avoir des pratiques non-spécistes sans pour autant être eux-mêmes véganes et/ou antispécistes. L'intérêt ici est de valoriser les traditions ou les innovations régionales aux pratiques non-spécistes afin de leur rendre une visibilité qui est pratiquement inexistante dans une démarche engagée et médiatique à l'heure actuelle.
Les régions de France sont toutes réputées et connues populairement pour leurs spécialités culinaires, artisanales ou artistiques. Cependant, nous pouvons remarquer dans la grande majorité des cas que ces spécialités sont liées à des pratiques spécistes. Et si beaucoup de ces pratiques spécistes n'étaient pas nécessaires dans la production de ces spécialités ? Comment revisiter des traditions afin d'amener des valeurs qui font urgence dans nos modes de production et de consommation ? Quelles sont les traditions régionales qui n'impliquent pas de pratiques spécistes ou polluantes ?
La Bourgogne est particulièrement reconnue pour son vin, son bœuf-bourguignon, ses œufs en meurette, son pain d'épices, son jambon persillé, ses gougères... soit autant de préparations qui à un moment ou un autre impliquent l'exploitation animale.
Pourtant, certaines de ces spécialités sont tout à fait imaginables dans des versions véganes et plus respectueuses de l'environnement. Dans la plupart des cas, on peut dire que la production de vin est spéciste puisqu'elle peut utiliser de la gélatine animale (provenant souvent des bovins, des porcs ou des poissons), de l'ichtyocolle (de la colle de poisson), de l'albumine (blanc d’œuf) et de la caséine (provenant du lait de vache). Ceci peut paraître étonnant, mais heureusement du vin végane existe. Le vin bio et/ou en biodynamie existe également en Bourgogne, là où les produits phytosanitaires sont utilisés en masse sur les parcelles des vignobles.
D'autres spécialités sont naturellement véganes, comme la production de cassis, les anis de Flavigny, la moutarde de Dijon, ou la truffe (dans certains cas).
Enfin, il reste à imaginer des alternatives pour les spécialités restantes qui utilisent des produits d'origine animale dans leur composition. Un bœuf bourguignon végane à base de seitan par exemple est tout à fait envisageable. Dans cette visée, le plat reste tout à fait local puisque le gluten de blé peut se trouver dans un rayon très proche de chez soi, avec un bilan carbone très réduit (voire nul), un impact écologique absolument moindre et une économie en eau considérable (le blé nécessite 10 fois moins d'eau que la viande de bœuf).
Des structures régionales travaillent avec des procédés véganes, qu'ils soient réfléchis dans une démarche antispéciste ou non. Je pense qu'il est important et urgent aujourd'hui de leur proposer une mise en lumière. Non seulement car elles portent avec elles un réel progrès d'ordre éthique, écologique voire politique, mais aussi car elles ne sont pas forcément valorisées à travers le prisme de ces engagements et qu'elles méritent un soutien particulier, et qu'un lien soit fait entre elles.
Pour ce faire, je souhaiterais réaliser un documentaire tout seul, et à vélo. C'est à dire que je partirais un mois sans équipe technique, avec seulement mon vélo, mes sacoches, ma tente et mon matériel de tournage en réalisant un grand parcours en Bourgogne (entre 500km et 1000km). Je réaliserai des portraits de chaque lieu choisis en amont et d'après les motivation énoncées précédemment, et des personnes qui en sont à l'origine. Je serai déjà rentré en contact avec ces personnes et aurai déjà visité ces lieux avant le tournage, afin de pouvoir anticiper toute éventualité, faire du repérage et enclencher une relation de confiance et de proximité facilitant la présence de la caméra. J'irai passer une, deux ou trois journées voire plus dans chacun de ces lieux en partageant du temps avec ces personnes et en me rendant utile dans des missions du quotidien.
Entre chaque lieu, je parcourrai la région en pédalant tout en documentant mon voyage grâce à ma caméra embarquée et mes batteries portables. Je dormirai dans la nature, en m'efforçant de suivre un mode de vie écoresponsable, tout en dépensant peu d'argent. Cette approche autonome et alternative s'inscrit totalement dans une volonté de proposer d'autres paradigmes de voyage et de tourisme que ceux que nous connaissons tou.te.s. Je souhaite défendre par ce biais l'approche d'un tourisme actif, décroissant, autonome, au rythme de la nature, respectueux de l'environnement, physique et bénéfique pour la santé, calme et qui sait aussi être contemplatif. Et pourquoi pas même un tourisme solidaire, en promouvant une consommation locale et consciencieuse, en soutenant certaines structures engagées.
Motivation et origines du projet
Ce projet me tient particulièrement à cœur car il lie deux de mes passions que sont le voyage à vélo et la réalisation cinématographique avec des luttes dans lesquelles je souhaite m'engager davantage.
Croiser la lutte antispéciste avec la lutte écologiste et le cyclisme, explorer les interstices de différentes disciplines et les lier entre elles, penser un nouveau paradigme de réalisation de documentaire, vivre une expérience solitaire vers la rencontre sans détour, interroger les pratiques de réalisations cinématographiques, porter un regard nouveau sur l'héritage régional et les traditions. Revisiter, adapter l'ancien aux exigences contemporaines, et vice-versa.
Trouver un terrain d'entente et de discussion dans les questions d'identité territoriale, d'éthique animale, d'écologie, de rapport au numérique, de voyage et de déplacement, de logement, de nécessité de certaines ressources, de bonheur avec le peu, d'ouverture à la rencontre, de rapport au temps et au hasard.
Publics visés
Ce film s'adresse à un public large intéressé par des problématiques éthiques, environnementales et sociales.
Ce film se veut comme une invitation au voyage, une rencontre entre générations, et intéressera autant un public rural que citadin.